dimanche 3 janvier 2016

Promenade sur le Bosphore : Aziyadé, de Pierre Loti (1879)


Lors de l'une de ses escales en Turquie, Pierre Loti (ici auteur et narrateur), alors officier de la Marine Française, fait la connaissance d'Aziyadé, la jeune épouse d'un riche vieillard, vivant dans un harem à Salonique puis à Constantinople. Le roman retrace la rencontre, l'aventure et l'histoire d'amour des deux amants, dans la Turquie du XIXe siècle.  

Pierre Loti présente de nombreux défauts de son époque : Il est supérieur, colonialiste et arrogant, traits de sa personnalité sans doute renforcés par son rôle dans la Marine française. Néanmoins, malgré ce caractère difficilement supportable, l'auteur sait comment nous emmener avec lui dans ses voyages, dès la première page de ses romans. Ici, chaque phrase nous fait voyager en plein Stamboul (comme il appelle Istanbul). En lisant Aziyadé, on se retrouve en plein dans la ville. De mon livre, je peux sentir les odeurs d'encens, d'épices, et de brume marine, le soleil du jour brûler ma peau, j'entends les musiques asiatiques des fêtes, les bruits de la cohue dans les rues, le froissement de la soie lorsqu'Aziyadé se déplace et le chant du Muezzin, rythmant la vie de Constantinople au fil des prières de la journée. 

En bref, si l'histoire d'amour racontée dans le livre est très belle et touchante, ce n'est pas la raison pour laquelle je le recommande à tous. C'est bien pour ce pouvoir qu'à Loti de nous faire voyager sur les rives du Bosphore, de la manière la plus poétique qu'il soit, dans un pays à la culture magnifique et à l'exotisme incroyable. 

Eyoub, septembre 1876.
"Aziyadé parle peu ; elle sourit souvent, mais ne rit jamais ; son pas ne fait aucun bruit ; ses mouvements sont souples, ondoyants, tranquilles, et ne s’entendent pas ; C’est bien là cette petite personne mystérieuse, qui le plus souvent s’évanouit quand paraît le jour, et que la nuit ramène ensuite, à l’heure des djinns et des fantômes." 


"Quelle bonne chose, d’aimer et d’être aimé ; savoir qu’une nature d’élite a compris la vôtre ; que quelqu’un rapporte toutes ses pensées, tous ses actes à vous ; que vous êtes un centre, un but, en vue duquel une organisation aussi délicatement compliquée que la vôtre, vit, pense et agit ; voila qui rend fort ; voilà qui peut faire des hommes de génie."

"C'était un grouillement cosmopolite inimaginable, dans lequel dominait en grande majorité l'élément grec."


"Il y a de véritables affinités, entre vous et certaines suites de sons, entre vous et certaines couleurs éclatantes ..."


"J'en suis venue à adopter pour un temps le langage et les coutumes de la Turquie."

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